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Il en balance : des sottises, des saletés et des ordures. Il n’a ni code ni limite. C’est un vieux mal éduqué. Grognon, fanfaron et ringard ; le prototype de l’américain "petit’’ qui réduit la planète aux frontières mexicaines, gros muscles et grande gueule mais tout petit, l’esprit étroit, la tête creuse, le ventre en ballon rembourré de toxines et trois haricots entre les jambes ; de quoi salir les femmes. C’est d’ailleurs son domaine de performances : salir les femmes.

Ce monde va décidément mal. Comment imaginer en effet un tel profil pour un candidat sérieux à la Présidence de la première puissance du monde ? Il fait sourire certains amateurs de show qui apprécient la descente dans l’arène politique d’un bouffon, diseur d’énormités. D’autres applaudissent carrément ce piètre acteur de séries roses qui s’offre nos têtes de "malheureux africains’’ à chacune de ses sorties. Il nous injurie (les africains) abondamment et impunément. Le pire n’est pas la nature de notre agresseur mais la conscience qu’il nous inflige. Comme une punition !

Conscience… parce que nous avons répondu à Nicolas Sarkozy pour moins que ça. Alors, pourquoi sommes-nous devenus soudain impuissants en face d’un gougeât ? Parce que les propos de Trump remuent en nous, nos résignations - parce que ce monsieur que nombre d’entre nous, ont peur de voir à la tête des Etats Unis, réussit à ébranler nos tranquillités feintes et les conforts précaires que nous confèrent notre passivité habituelle.

Grossier personnage ou pas, Donald Trump ne fait pas que se répandre sur notre orgueil collectif, il a le culot de nous nommer par des noms que nous réfutons; il nous dit notre faute. Et, nous savons qu’il n’est pas loin de la vérité brutale. C’est pour cela qu’au lieu de lui faire une réponse audible, nous bégayons. On a beau avoir affaire à un cochon, tripoteur de bimbos et de minettes de luxe, le genre qui vole le fisc américain et menace le monde entier de petites diableries, cela ne change rien à notre statu… l’africain bégaie encore et encore dans sa posture de "dépendant’’, il est aussi généreux que le dos d’un canard, vaste réceptacle. Sur nous donc les déchets ! Fatalement.

La colonisation sécuritaire et sanitaire ou le nouveau chantage.

L’on le voit, l’Afrique ne s’en sort pas. Aux prédictions optimistes ressassées depuis quelques années dans les salons et les médias, ont répondu la chute du prix des matières premières et celle du prix des produits d’exportation. Ebola et Lassa… des virus parachutés depuis l’on ne sait quel enfer nous ont démontrés avec leur cortège de cadavres, combien notre continent est vulnérable au plan sanitaire. Plus préoccupant, la déferlante djihadiste a presque achevé de ruiner le tourisme africain et compromet considérablement la dynamique économique des dragons d’Afrique. L’Afrique du sud, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie ont perdu jusqu’à 80% de leur clientèle touristique. Le Nigéria pourtant proclamé première économie africaine est en pleine récession et notre Bénin ne s’en porte pas mieux.

Comment expliquer que les épidémies qui dévastent le Sud depuis un demi siècle n’aient leurs traitements qu’au Nord ? Est-il normal que pendant que les groupes armés Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique, Boko Haram, Chebabs, prennent en otage des populations entières en Afrique, l’occident garde pour son seul usage, les satellites et les drones susceptibles d’identifier une boite d’allumettes au sol ? Ne sont-ils pas les mêmes qui viennent après pleurer avec nous, nos morts, devant les caméras?

C’est cela la nouvelle géopolitique. Pas d’état d’âme quand il s’agit d’absorber l’autre. Vous avez beau vous coucher devant eux, ça ne sert à rien. Et, nous sommes obligés de reconnaître que les résultats plaident en faveur des méthodes déployées contre nous. Pour preuves : Le ralentissement du taux de croissance de la plupart des pays subsahariens (surtout) est à craindre si ce n’est déjà effectif à cause des raisons évoquées plus haut. La crise économique qui secoue l’occident depuis 2010 s’est déplacée comme par miracle vers le Sud. La délocalisation des industries et entreprises du Nord vers le Sud qui aurait pu contribuer à réduire le taux de chômage des jeunes et rendre dynamique l’activité économique sur le continent par l’apport de flux financiers nouveaux, se trouve sérieusement compromise. Le prétexte est tout beau. Nul ne veut… n’a le droit d’exposer ses compatriotes ou son personnel à des risques d’enlèvement de sauvages extrémistes ou à des épidémies mortelles. Bref ! Faire croire que l’Afrique est un continent à risque est plus que rentable ; c’est leur unique porte de sortie. Je veux dire clairement que si l’occident n’est pas le chat qui joue à la souris avec nous, il n’a aucun intérêt à nous aider à éliminer la souris. Bien au contraire !

Opposer des réponses nouvelles à des prédations nouvelles.

Récemment, j’ai entendu un homme d’Etat, et pas des moindre, l’un des dirigeants du monde prétendument civilisé, avouer devant caméras et micros, ne croire en rien, surtout pas en Dieu. Or, il y a deux émanations qui fondent l’ordre et la hiérarchie ici bas : la crainte d’un être supérieur, juste pour tous et juge de tous (Dieu…) et les rapports de force - les plus puissants soumettent les autres. Ils disposent d’eux à leur guise et peuvent les acheter, les piller, les appauvrir, les tuer. Simpliste et totalement inhumain mais ce sont là, les règles et principes qui régentent notre planète depuis deux millénaires. Le reste est une question de vocabulaire et de sémantique.

L’Ingéniosité ne manquant pas, l’on en trouve toujours, des esprits suffisamment habiles pour rendre les prédations légitimes et les cruautés ordinaires. Ils sont payés, ces esprits sinistres, pour créer des concepts et des expressions de camouflages du genre : Les enjeux, les intérêts, les marchés, les positionnements, la géostratégie etc… derrière ces camouflages se cachent les pires abominations. Donal Trump en faisant ses annonces terrifiantes ne dit donc rien d’original. Son problème, c’est qu’il est, on peut l’entendre, dénué de bonnes manières, de loin plus brute que ses ainés. C’est une hyène des égouts. Je suis d’accord avec Obama et Hillary : les USA méritent mieux que ça ; les africains aussi.

Il se trouve que les africains, très largement, croient en Dieu. Croire en Dieu suppose s’en remettre à sa justice, attendre de lui, grâce, bonheur et épanouissement. La question est : avons-nous tort de continuer de croire en Dieu dans un monde de prédateurs impitoyables ? Qu’elle fut la responsabilité de Dieu dans les expéditions évangélisatrices dont nous connaissons aussi le passif, les travers et les avatars ? Qu’elle fut la responsabilité de Dieu dans les deux cents ans d’esclavage sanglant et meurtrier ? Qu’elle fut la responsabilité de Dieu dans la colonisation féroce de l’Afrique et qu’elle est sa responsabilité dans nos martyrs actuels ? Aucune ?

Soyons réalistes. Dieu est Très Haut, peut-être trop loin pour prendre la juste mesure de nos misères. C’est pour cela me semble-t-il qu’il nous a doté autant que les autres, de muscles et d’intelligences. C’est donc une question de responsabilité, de culot, bref ! Une question de rapport de force. Autrement dit, vivre c’est combattre. Et le meilleur lieu de résistance c’est la tête ; plus exactement le cerveau. Surtout pour nous autres qui n’avons ni satellites sur Mars, ni centrales nucléaires souterraines ni drones invisibles, ni une quelconque machine sophistiquée fabriquée pour dévaster, le cerveau est notre chance, c’est la source, j’allais dire la matrice ; il féconde et enfante la matière la plus précieuse au monde : l’idée.

La réponse de Sylvestre Amoussou

Les idées ont des ailes ; ce sont les seuls rapaces qui traversent les temps et les cieux. Une idée que nous jetons à la poubelle est un univers auquel nous refusons d’adhérer, une foi que nous perdons, un diable que nous refusons d’affronter, par peur ou par ignorance ou encore parce que nous sommes, nous-mêmes, des semeurs de cris, le commencement des affres et des abjections les plus détestables.

Je veux dire… qu’elles soient ténébreuses ou lumineuses, les idées font le monde. Quand on a compris cela l’on sait qu’elles places faire au mépris et à l’indifférence, l’on sait aussi pour quoi et pour qui l’on se tient droit sur ses jambes, debout, le menton levé, ou couché, tel un ver, le ventre dans la terre. Le film "l’orage africain" de notre compatriote Sylvestre Amoussou est, dans ce registre, une école à faire et un modèle d’audace qui hurle à la face du monde un « nous ne sommes plus dupes » digne des plus grands orateurs de notre siècle. Amoussou, avec l’art et le respect qui manquent à Trump, lui répond ; son film nous parle et parle en notre nom au monde.

Disons-le simplement : Le crime le plus lourd que nous commettons contre notre continent, c’est l’attente de Dieu-le-sauveur. Et, l’indifférence aussi est une cruauté.

Ousmane ALEDJI